Paris au début des états généraux

8 et 9 juin 1789

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Paris est à présent dans une telle fermentation, à propos des états généraux qui se tiennent à Versailles, que la conversation est totalement absorbée par eux. On ne peut parler d'autre chose. Tout est, à bon droit, considéré comme important dans un tel épisode de la vie de 25 millions d'hommes… Actuellement, les affaires des marchands de brochures font, à Paris, des progrès extraordinaires. Je suis allé au Palais-Royal, pour voir les nouvelles publications et m'en procurer le catalogue ; chaque heure en produit une nouvelle ; il en a paru 13 aujourd'hui, 16 hier et 12 la semaine dernière… Les 19/20e de cette production sont en faveur de la liberté, et généralement violentes contre le clergé et la noblesse.

Les cafés du Palais-Royal présentent un autre spectacle encore plus singulier et étonnant ; non seulement l'intérieur est comble, mais la foule se presse aux portes et aux fenêtres et écoute "à gorges déployées" certains orateurs qui, montés sur des tables ou des chaises, ont chacun leur petit auditoire. On ne peut aisément imaginer l'avidité avec laquelle on les écoute, ni le tonnerre d'applaudissements qu'ils reçoivent pour toute expression hardie ou violente, dépassant la mesure ordinaire, contre le gouvernement.

Je suis ébahi que le ministère souffre de tels nids, de tels foyers de sédition et de révolte.

Arthur Young