1788

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4 janvier
Sur proposition d'Adrien Duport, le Parlement rend un arrêt qui condamne les actes arbitraires du gouvernement, l'emprisonnement sur lettres de cachet et l'exil des opposants à la politique royale.

17 janvier
Outré par l'arrêt du 4 janvier, Louis XVI convoque une députation du Parlement pour répondre à ce qu'il considère comme une calomnie. "La liberté légitime de mes sujets m'est aussi chère qu'à eux-même. Mais je ne souffrirai pas que mon Parlement s'élève contre l'exercice d'un pouvoir (...) dont j'ai la douce satisfaction de penser que j'ai usé avec plus de modération qu'aucun de mes prédécesseurs". C'est une épreuve de force qui s'engage car il est peu probable que le Parlement accepte aussi facilement de voir casser son arrêté par le roi. En effet, dès le lendemain, les magistrats passent outre et le confirment.
En désaccord avec le pouvoir royal sur le montant du rachat par la province de l'impôt de la corvée des routes, le Parlement dauphinois élabore un contre-projet.

15 février
Un édit abolit la torture préparatoire.

19 février
Deux parlementaires dauphinois, le président d'Ornacieux et le conseiller de Meyrieu, sont convoqués sans délai à Versailles pour rendre compte au roi de la conduite du Parlement.
Fondation par Brissot, l'abbé Grégoire et La Fayette, de la "Société des Amis des Noirs" afin de lutter contre la traite et obtenir l'abolition de l'esclavage dans les colonies.

23 février
Le Parlement du Dauphiné entretient l'agitation publique en demandant le rappel des parlementaires convoqués par la Cour.

11 mars
Le Parlement de Paris rédige des remontrances au roi qui demandent la grâce du duc d'Orléans exilé à Villers-Coterêt pour avoir tenu tête à Louis XVI lors de l'enregistrement de l'édit de tolérance en faveur des protestants.

16 avril
Louis XVI décide de mettre fin à l'exil du duc d'Orléans.

17 avril
Le roi, dans sa réplique aux remontrances du Parlement, affirme qu'il ne livrera jamais la monarchie à une "aristocratie de magistrat aussi contraire aux intérêts de la nation qu'à ceux de sa souveraineté".

29 avril
A l'initiative du conseiller Goislard de Montsabert, le Parlement de Paris rend un arrêt contestant au roi le droit de créer de nouveaux impôts sans l'accord des Parlements.

1er mai
A l'initiative du garde des sceaux Lamoignon, le gouvernement décide de briser l'opposition parlementaire en la dépouillant de ses attributions législatives et judiciaires au profit de deux nouvelles juridictions ; la cour plénière et les grands baillages. Les Parlements protestent et envoient des remontrances au roi (Pau le 2 mai, Paris le 3...).

5 mai
Après une nuit de siège, le marquis Vincent d'Agoult arrête, sur ordre du roi et en plein Parlement où ils s'étaient réfugiés, les deux principaux meneurs de l'opposition aux réformes judiciaires, les conseillers Duval d'Eprémesnil et Goislard de Montsabert. Bien que les parisiens des faubourgs soient venus les soutenir et faire rempart autour d'eux, les deux magistrats ont décidé de se rendre.

8 mai
Louis XVI décide d'imposer d'autorité l'enregistrement en lit de justice des édits de Lamoignon, puis de mettre en vacance les Parlements et leur interdire toute réunion jusqu'à nouvel ordre.

10 mai
Au Parlement de Bretagne, le compte de Thiard, gouverneur de la province, fait enregistrer, au nom du roi, les édits de réforme. L'émeute est évitée de justesse.

11 mai
Le parlement du Dauphiné est congédié après avoir entériné, sous la menace, les édits de Lamoignon, au cours d'une séance à huis-clos, en présence de l'intendant et du gouverneur de la province.

2 juin
Ses troupes refusant de lui obéir, le comte de Thiard ne peut exiler le Parlement.

7 juin
Journée des tuiles Journée des tuiles à Grenoble.
Bravant l'interdiction royale, les parlementaires s'étaient réunis pour critiquer vertement l'enregistrement forcé des édits de mai. Aussitôt les rebelles avaient été priés d'aller se reposer sur leurs terres. Voulant empêcher l'exil de leurs magistrats, les grenoblois se sont précipité, au son du tocsin, pour fermer et clouer les portes de la ville, puis, juchés sur les toits, ils ont accueilli à coups de tuiles les troupes royales venu emmener leurs protégés. Le sang coulait déjà lorsque le duc de Clermont-Tonnerre, commandant de la garnison, a décidé de s'incliner, et les parlementaires ont pu regagner le Palais de Justice en triomphe.

10 juin
Afin d'apaiser la tension qui règne toujours à Grenoble, l'officier responsable de la 1ère fusillade est arrêté.

12 juin
Les magistrats obéissent à l'ordre du roi et quittent Grenoble.

19 juin
A Pau, les paysans des environs, entraînés par les nobles, assiègent dans son hôtel l'intendant et l'obligent à réinstaller le Parlement.

20 juin
Le Conseil du roi déclare illégales les assemblées de la Noblesse.

15 juillet
Le roi fait arrêter 12 nobles bretons qui étaient venus lui porter un mémoire protestant contre les édits de mai.

18 juillet
Le Parlement de Bretagne réplique à l'embastillement des "12" en dépêchant une délégation à Paris.

21 juillet
Réunion des trois ordres de la province du Dauphiné au château de Vizille, menée par Mounier et Barnave. L'Assemblée des Municipalité exige le rétablissement des états provinciaux du Dauphiné et réclame la convocation d'Etats généraux de la province, puis du royaume, avec élections libres et participation double du tiers, par rapport aux deux autres ordres réunis.

Juillet
Orages et grêles ravagent les récoltes de la Loire au Rhin.

Août - septembre - octobre
Emeutes frumentaires en Bretagne.

2 août
Suite à la réunion de Vizille, Loménie de Brienne convoque une assemblée consultative chargée de préparer le rétablissement des états de la province.

8 août
Le Conseil d'Etat fixe au 1er mai 1789 la tenue des Etats généraux du royaume prévus en 1792. Le gouvernement fait envoyer dans toute la France le texte suivant : "Le Roi en ordonnant, par arrêt de Son Conseil du 5 juillet dernier, que les résultats prescrits audit arrêt lui fussent remis dans les deux premiers mois de l'année 1789, Sa Majesté a voulu se mettre à portée de convoquer les états généraux de Son Royaume immédiatement après qu'Elle Se sera fait rendre compte desdits résultats. Depuis que cet arrêt a été rendu, Sa Majesté a pris des éclaircissements, tant sur le lieu que sur le temps auquel lesdits états peuvent être assemblés. Elle n'a pas encore déterminé le lieu où ils se tiendront ; mais Elle peut annoncer à Ses sujets que leur assemblée est fixée au 1er mai prochain, et c'est avec satisfaction que Sa Majesté envisage le moment où Elle Se trouvera environnée des représentants de la nation généreuse et fidèle qu'Elle a le bonheur de gouverner. Assurée de recueillir les heureux effets de leur zèle et de leur amour, Elle jouit d'avance du consolant espoir de voir des jours sereins et tranquilles succéder à des jours d'orage et d'inquitétude... A quoi voulant pourvoir, le Roi, étant en Son Conseil, a déclaré et déclare que le présent arrêt sera imprimé, publié et affiché dans tout le Royaume. Fait au Conseil d'Etat du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le 8 août 1788".
Un édit royal suspend la création de la Cour plénière.

16 août
Loménie de Brienne décrête la banqueroute de l'Etat qui ne remboursera plus en monnaie que les petites sommes et les 2/5 des fortes sommes. Les 3/5 restant seront convertis en un nouvel emprunt obligatoire dont rien ne garantit la valeur.

25 août
Louis XVI ayant accepté la veille la démission de Loménie de Brienne, appelle Necker au contrôle des Finances.

Nuit du 29 au 30 août
Pour fêter le renvoi du ministre Brienne, remplacé par Necker, des étudiants brûlent son effigie sur le Pont-Neuf. Le guet, qui assure la surveillance de nuit, arrive et charge. Il y a des morts. Alors les jeunes, soutenus par la foule, brûlent les postes de garde et alimentent le feu avec les claies des marchands de volailles du quai voisin ; puis, conscients de leur force, ils désarment les soldats qui s'interrogent sur les ordres cruels qu'on leur a donnés.

Septembre
Le Pont-Neuf est un lieu de rencontre idéal au coeur de la capital. Après le drame du 29 août, chômeurs, vagabonds et étudiants s'y retrouvent, comme si tout était désormais permis là où la foule a vaincu la force armée. Ils obligent les occupants des voitures à descendre saluer la statue d'Henri IV en disant "Vive Henri IV, le meilleur des rois".

5 septembre
Ouverture de l'assemblée consultative du Dauphiné, chargée de donner une constitution rénovée à la province.

12 septembre
Les 12 nobles bretons embastillés sont libérés à la demande de Necker.

14 septembre
Lamoignon démissionne et est remplacé par Charles de Barentin.

23 septembre
Le roi, dans une déclaration, ordonne le rétablissement du Parlement et des Cours souveraines dans leurs prérogatives.

24 septembre
La rentrée triomphale du Parlement de Paris provoque de nouvelles manifestations populaires.

25 septembre
Le Parlement de Paris enregistre la déclaration royale du 23 septembre, exprimant le voeu que les Etats Généraux soient réunis selon la forme observée en 1614, au risque de perdre la popularité acquise durant leur combat contre l'autorité royale.

28 septembre
L'assemblée du Dauphiné se sépare après avoir proposé une nouvelle constitution qui doit recevoir l'approbation du roi.

5 octobre
Le roi décide de convoquer une nouvelle assemblée des notables pour délibérer sur la forme des futurs Etats Généraux.

14 octobre
Necker reçoit la Noblesse du Dauphiné pour lui signifier que le roi refuse les prétentions administratives des états de la province et demande une modification du plan de constitution.

22 octobre
Le Conseil du roi valide, après amendements, la nouvelle constitution du Dauphiné.

6 novembre au 12 décembre
Assemblée des notables à Versailles pour préparer les Etats généraux. C'est à ces 150 magistrats, évêques, seigneurs, princes de sang ou maires de villes importantes que Necker a demandé de se réunir, afin de contrebalancer l'avis du Parlement du 25 septembre. Le 12, l'assemblée se sépare après s'être prononcée pour la réunion des Etats Généraux selon les formes anciennes, et ce bien que dans tous le pays des pétitions aient réclamé le doublement du Tiers, la délibération des trois ordres en communs et le vote par tête.

27 décembre
Le roi accorde, par ordonnance, le doublement du Tiers mais refuse le reste des revendications des "patriotes". Les députés aux Etats généraux seront au moins 1 000.

31 décembre
Bilan des comptes du Trésor =
- recettes : 503 millions de livres ;
- dépenses : 629 millions de livres.
L'impôt ne peut plus rétablir l'équilibre.

début >> 1789 (janvier à juin)