1793

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1792

Les fichiers midi ne sont là que pour vous donner une idée de la musique,
j'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas trop "massacrer" les airs.
1794

La guillotine en permanence -
(air : "La bonne aventure, ô gué").

Un pain d'quatr'livres -
(air : "Nous n'avons qu'un temps à vivre").

Le député Guillotin,
Dans la médecine
Très expert et très malin,
Fit une machine
Pour purger le corps français
De tous les gens à projets.
C'est la guillotine, ô gué !
C'est la guillotine !

Pour punir la trahison,
La haute rapine,
Ces amateurs de blasons,
Ces gens qu'on devine,
Voilà pour qui l'on a fait
Ce dont on connaît l'effet,
C'est la guillotine, ô gué !
C'est la guillotine !

A force de comploter,
La horde mutine
A gagné sans y penser
Migraine maline.
Pour guérir ces messieurs-là,
Un jour on les mènera
A la guillotine, ô gué !
A la guillotine !


La guillotine, Place de la Révolution
(act. Place de la Concorde).

De la France, on a chassé
La noble vermine,
On a tout rasé, cassé
Et mis en ruine.
Mais de noble, on a gardé
De mourir le cou tranché
Par la guillotine, ô gué !
Par la guillotine !

Messieurs les nobles mutins,
Dont chacun s'échine,
Soufflant par des efforts vains
La guerre intestine,
Si nous vous prenons vraiment,
Vous mourrez très noblement
A la guillotine, ô gué !
A la guillotine !

Le dix nous a procuré
Besogne de reste,
Les traîtres ont abondé,
C'est pis qu'une peste.
Comme on n'en veut pas manquer,
On punit sans déplanter,
La machine reste, ô gué !
La machine reste !

Nous n'avons qu'un pain d'quatr'livres
Femme, mangeons-le gaîment ;
Quoi qu'il en soit, pour not'vivre,
Tâchons qu'il dure un peu longu'ment.

A la ville comm'au village
Un chacun pens'au lendemain ;
Le plus fou passe pour un sage
Lorsqu'il se réserve du pain

Nous n'avons qu'un pain d'quatr'livres
Femme, mangeons-le gaîment ;
Quoi qu'il en soit, pour not'vivre,
Tâchons qu'il dure un peu longu'ment.


La disette du pain (1794).

Chassons loin de nous la chimère
On n'a pas toujours du fricot
Tu ne me réponds rien, ma chère,
Dis-moi, qu'en penses-tu Margot.

Nous n'avons qu'un pain d'quatr'livres
Femme, mangeons-le gaîment ;
Quoi qu'il en soit, pour not'vivre,
Tâchons qu'il dure un peu longu'ment.

Va, prends mes guenill's et ta cotte
Et les port' au Mont de Piété
Demain nous ferons la ribotte,
Pour aujourd'hui ça fait raté.

 

La marmotte en vie -
(parole et musique de Ducray-Duminil).

La liberté de nos colonies -
(air : "Daignez m'épargner le reste").

J'ai quitté la montagne
Où jadis je naquis
Pour courir la campagne
Et venir à Paris
Ah voyais donc la marmotte
La marmotte en vie
Donnais queuqu'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie
Ah voulais-vous voir la marmotte
La marmotte en vie
Ah ! donnait queuqu'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie.

De village en village,
Je m'en allai tout droé
Portant petit bagage,
Criant dans chaque endroé
Ah voyais donc la marmotte
La marmotte en vie
Donnais queuqu'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie
Ah voulais-vous voir la marmotte
La marmotte en vie
Ah ! donnait queuqu'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie.

Quand fus à la barrière,
Un commis m'arrêta
M'disant jeune étrangère
Que portez-vous donc là?
Ah ! monsieur c'est la marmotte
La marmotte en vie
Donnais queuqu'chose à Javotte
Pour sa marmotte en vie
Ah ! voulais-vous voir la marmotte
La marmotte en vie
Ah ! donnais queuqu'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie.


"Quand fus à la barrière,
Un commis m'arrêta"

Passais, la jeune fille
Avec ce petit bien
Quand on est si gentille
Au Roé l'on ne doit rien
Allais criai la marmotte,
La marmotte en vie,
D'mandais queuq'chose pour Javotte
Pour sa marmotte en vie,
Ah voulais-vous voir la marmotte
La marmotte en vie ;
Ah ! donnais queuq'chose à Javotte,
Pour sa marmotte en vie.

Un beau Monsieur me r'garde
Puis s'arrête tout doux,
"La belle Savoyarde
"Montre moi tes bijoux ?
"Ah! voyons donc c'te marmotte
"C'te marmotte en vie,
"J'donnerai queuqu'chose à Javotte
"Pour sa marmotte en vie,
"Ah! montre-moi donc ta marmotte,
"Ta marmotte en vie,
"Oui, j'donn'rai queuqu'chose à Javotte
"Pour sa marmotte en vie".

Moi, sans plus de mystère
Soudain le satisfis
Il ouvr'son aumonière
Puis comptant ses Louis
"Ah ! prête-moi ta marmotte
"Ta marmotte en vie,
"J'donn'rai tout c't'or à Javotte
"Pour sa marmotte en vie
"Ah ! prête-moi donc ta marmotte
"Ta marmotte en vie,
"Oui, j'donn'rai tout c't'or à Javotte
"Pour sa marmotte en vie".

Que faire, pauvre fille
En voyant tant d'argent...
D'aise mon coeur pétille,
J'accepte le présent...
Prenais, prenais, la marmotte,
La marmotte en vie
Donnais, donnais à Javotte
Pour sa marmotte en vie
Ah ! caressais donc la marmotte,
La marmotte en vie,
Ah ! donnais, donnais à Javotte
Pour sa marmotte en vie ;

Mais ce bien que regrette,
Il me l'prit pour son or.
N'ai plus que la coffrette
Où gardais ce trésor.
Ah ! j'ai perdu la marmotte,
La marmotte en vie,
C'en est fait, pauvre Javotte
D'la marmotte en vie.
Ah ! oui j'ai perdu la marmotte
La marmotte en vie,
C 'en est fait, pauvre Javotte
D'la marmotte en vie.

Le savez-vous, Républicains,
Quel sort était le sort du nègre ?
Qu'à son rang, parmi les humains
Un sage décret réintègre ;
Il était esclave en naissant,
Puni de mort, pour un seul geste...
On vendait jusqu'à son enfant.
Le sucre était teint de son sang,
Daignez m'épargner tout le reste...(bis)

De vrais bourreaux, altérés d'or,
Promettant d'alléger ses chaînes,
Faisaient, pour les serrer encor,
Des tentatives inhumaines.
Mais, contre leurs complots pervers,
C'est la nature qui proteste
Et deux peuples, brisant leurs fers,
Ont, malgré la distance des mers,
Fini par s'entendre de reste. (bis)

Qu'ont dit les députés des noirs
A notre Sénat respectable,
Quand ils ont eu de leurs pouvoirs
Donné la preuve indubitable :
"Nous n'avons plus de poudre, hélas !
"Mais nous brûlons d'un feu céleste,
"Aidez nos trois cent mille bras,
"A conserver dans nos climats
"Un bien plus cher que tout le reste." (bis)

Soudain, à l'unanimité :
"Déclarez à nos colonies,
"Qu'au désir de l'humanité,
"Elles sont par vous affranchies.
"Et si des peuples oppresseurs,
"Contre un tel voeu se manifestent,
"Pour amis et pour défenseurs,
"Enfin, pour colons de nos coeurs,
"Songez que les Français vous restent." (bis)

Ces Romains, jadis si fameux,
Ont été bien puissants, bien braves,
Mais ces Romains, libres chez eux,
Conservaient au loin des esclaves.
C'est une affreuse vérité,
Que leur histoire nous atteste,
Puisqu'avec nous, d'humanité,
Déjà les Romains sont en reste. (bis)


L'esclavage

Tendez vos arcs, nègres marrons,
Nous portons la flamme à nos mèches,
Comme elle part de nos canons,
Que la mort vole avec vos flèches.
Si des royalistes impurs,
Chez nous, chez vous, portent la peste,
Vous dans vos bois, nous dans nos murs,
Cernons ces ennemis obscurs,
Et nous en détruirons le reste ! (bis)

Quand dans votre sol échauffé,
Il leur a semblé bon de naître,
La canne à sucre et le café
N'ont choisi ni gérant, ni maître.
Cette mine est dans votre champ,
Nul aujourd'hui ne le conteste,
Plus vous peinez en l'exploitant,
Plus il est juste, assurément,
Que le produit net vous en reste. (bis)

Doux plaisir de maternité,
Devenir plus cher à négresse
Et sans nuire à fécondité,
Prendre une teinte de sagesse.
Zizi, toi n'étais, sur ma foi,
Trop fidèle, ni trop modeste ;
Mais toi, t'en feras double loi,
Si petite famille à toi
Dans case à moi, près de toi reste. (bis)

Américains, l'égalité
Vous proclame aujourd'hui nos frères
Vous aviez à la liberté
Les mêmes droits héréditaires.
Vous êtes noirs, mais le bon sens
Repousse un préjugé funeste...
Seriez-vous moins intéressants,
Aux yeux des républicains blancs ?
La couleur tombe, et l'homme reste ! (bis)

Chanson militaire -
(paroles citoyen Billet -
air "Chantez, dansez, amusez-vous").

Hymne à la Raison -
(paroles de M.-J. Chénier, musique de Méhul).

(novembre 1793)

Voulez-vous suivre un bon conseil ?
Buvez avant que de combattre.
De sang-froid, je vaux mon pareil,
Mais quand je suis gris j'en vaux quatre.

REFRAIN
Versez donc mes amis, versez,
Je n'en puis jamais boire assez.

Comme ce vin tourne l'esprit
Comme il vous change une personne
Tel qui tremble s'il réfléchit,
Fait trembler quand il déraisonne.

Ma foi ! c'est un triste soldat
Que celui qui ne sait pas boire.
Il voit les dangers du combat
Le buveur n'en voit que la gloire.

Cet univers, oh ! c'est très beau
Mais pourquoi dans ce bel ouvrage
Le Seigneur a-t-il mis tant d'eau ?
Le vin me plairoit davantage.

S'il n'a pas fait un élément
De cette liqueur rubiconde,
Le Seigneur s'est montré prudent
Nous eussions desséché le monde.

Hymne chanté lors de la fête de la Raison,
à l'église Saint Roch, le 30 novembre 1793.

Auguste compagne du Sage,
[Déesse et compagne du sage, (bis)
Détruis des rêves imposteurs !
D'un peuple libre obtiens l'hommage,
Viens le gouverner par les moeurs !

Ô Raison, puissante immortelle,
Pour les humains tu fis la loi.
Avant d'être égaux devant elle,
Ils étaient égaux devant toi. (bis)


Fête de la Raison

CHOEUR
Ô Raison, puissante immortelle,
Pour les humains tu fis la loi.
Avant d'être égaux devant elle,
Ils étaient égaux devant toi. (bis)

Impromptu -
(paroles Fabre d'Eglantine - air" la Carmagnole").

Avant qu'il soit deux ou trois jours (bis)
Nous allons voir de jolis tours (bis)
Les Brissotins transis
Seront tous raccoursis.
Vive la République,
Nous la voulons (bis)
Vive la République
Nous la voulons,
Nous l'aurons.


Figure allégorique de la République -
Antoine Jean Baron Gros (1771 - 1835).