1789

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Les fichiers midi ne sont là que pour vous donner une idée de la musique,
j'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas trop "massacrer" les airs.
1790

Chanson poissarde -
(air : "Aisément, cela se peut croire").

Le Tiers Etat -
(air : "Vous qui de l'amoureuse ivresse").

Sais-tu Cadet que j'somm' du Tiers
Et j'dis que j'devons en êtr' fiers
Aisément cela se peut croire
Sous l'fardeau trop longtemps courbé
Le Tiers à la fin s'est regimbé

Refrain : J'veux t'être un chien
Y'a coups de pieds, y'a coup de poing
J'li cass'rais la gueule et la mâchoire.

Faut pourtant z'être de bonn' foi
Y'a queuqu'Nobles de bon aloi
Aisément cela se peut croire
Ceux-ci font les ceux qui d'abord
Avec l'Tiers se sont mis d'accord

Refrain

Les Nobles ont pour député
Un princ'qu'est z'aussi d'not'côté
Aisément cela se peut croire
Il nous a rogné son jardi
Malgré ça, c'est z'un bon humain.

Refrain

Tout ben vu, tout ben consulté
Je n'demandons que d'l'équité
Aisément cela se peut croire
J'voulons qu'les états généraux
Partarg' z'égal'ment les impôts.

Refrain


Tiers Etat.

D'sus l'sel et l'vin j'voulons aussi
Qu'l'impôt soit z'un peu radouci ;
Aisément cela se peut croire
Mettant p'us d'sel dans nos ragouts
J'aurons p'us d'soif pour boir' queuqu'coups.

Refrain

J'voulons encore' que le commis
Si fair' se peut, soient tous occis ;
Aisément cela se peut croire
Sans cess'leux esprit infernal
S'tourne et se r'tourn' pour notre mal.

Refrain

A tous ministres l'on devroit
Montrer de Necker le portrait
Aisément cela se peut croire
Ca s'rait leux dir', sans leux parler
"V'là c'tui sur qui faut vous mouler".

Refrain

Mais d'tous nos voeux, le plus ardent,
C'est que not' Roi soit content
Aisément cela se peut croire
Quand s'il ne veut que not'bonheur
J'devons l'payer par notre coeur.

Si le clergé, si la noblesse,
Mes chers amis,
Ont pour nous si grande rudesse,
Tant de mépris,
Laissons-les tous en faire accroire,
Prendre l'Etat,
En attendant nous allons boire,
Au Tiers Etat.

Devant la divine justice,
Pas plus que nous,
A quoi leur servent l'artifice
Et le courroux,
Auraient-ils perdu la mémoire
Que leur éclat
Provient de même que leur gloire,
Du Tiers Etat ?

Nous devons tout à la puissance,
Respect, égards,
D'où l'homme a-t-il pris sa naissance,
C'est du hasard.
Le premier qui se rendit maître,
Fut un soldat.
Il fut Roi... d'où tenait-il l'être ?
Du Tiers Etat.

Sans doute, on voit plus d'un grand homme
Parmi les grands,
Notre coeur en bénit un homme
Plein de talents,
Mais tel qui se rend si sévère,
Si délicat,
A peut-être Monsieur son père
Du Tiers Etat.


Réveil du Tiers Etat.

Le reptile est, dessus la terre,
Mis pour ramper,
Mais c'est exciter sa colère
De le frapper.
L'imprudent devient la victime
De ce combat,
C'est la naturelle maxime
Du Tiers Etat.

Vous qui nous traitez de racaille
Si poliment,
Comme nous, vous payerez la taille
Très "noblement".
Vive le sauveur de la France,
Necker, vivat !
D'où ce héros tient-il naissance ?
Du Tiers Etat.

De Henri, notre bon monarque
A le grand coeur
Il veut, il fait, il nous le marque,
Notre bonheur.
Aimons-le toujours avec zèle,
Servons l'Etat ;
Qu'à Louis, soit toujours fidèle
Le Tiers Etat.

Formation de la garde nationale parisienne
le 15 juillet 1789 -
(air : "Il pleut, il pleut, bergère").

Enfin v'la donc que le roi -
(air "Catiau dans son galetas").

Frères, courons aux armes !
L'empire est en danger.
Dans ces moments d'alarmes,
Courons le dégager :
Tous bouillants d'énergie,
Tous fiers de nos succès,
Prouvons à la patrie
Que nous sommes Français.

Lancés dans la carrière,
De nos chefs belliqueux,
D'une noble poussière
Couvrons-nous à leurs yeux.
L'amant de la victoire,
De courage enflammé,
Pour voler à la gloire,
Naît soldat tout armé.

Des enfants de la Grèce
Possédant la valeur,
A leur active adresse,
Joignons la vive ardeur.
De nos lois tutélaires,
Joignons, pour le maintien,
Aux vertus militaires,
Celles de citoyen.

Qu'un même amour nous lie,
Qu'il confonde nos coeurs.
De la honteuse envie,
Etouffons les fureurs.
Le franc-guerrier qu'on aime,
Le vrai soldat héros,
Doit être noble, même
Jusque dans ses défauts.


Un garde national.

Qu'enchaînés sans contrainte
Par son noeud le plus beau,
De nous, l'amitié sainte
Ne forme qu'un faisceau.
Des trames les plus noires,
Sûrs de triompher tous,
Les plus grandes victoires
Seront des jeux pour nous.

Si la Ligue infernale
Que nous allons punir,
Par sa lâche cabale
Pouvait nous désunir,
Nos meilleurs patriotes,
Dans cet affreux revers,
N'auraient plus aux despotes
Qu'à mendier des fers !

Contre une absurde crainte,
Que vous me rassurez !
Tous, vous portez l'empreinte
Des sentiments sacrés
Que fait briller le Sage,
Le soldat exalté,
Fier enfant du courage,
Et de la liberté.

Espérance chérie
De l'Empire français,
Déjà de la patrie
Vous comblez les souhaits.
Qu'honorant de Turenne
Et l'habit et l'État,
Chacun de vous devienne
Fabert ou Catinat.

Enfin, vl'a donc que le Roi
Sapergué ! Quitte Versailles
Pour v'nir à Paris tout droit
S'installer loin d'la canaille.
La Reine est venue aussi
Accompagnée de leurs petits. (bis)

Paraît qu'i r'fusait d'venir
Et dansait sur nos cocardes,
Alors il fallut l'quérir
Et abatr' quinze ou vingt gardes.
A la vue de nos canons
Il devint doux comme un mouton. (bis)


"Journée Mémorable de Versailles le lundi 5 octobre 1789"

Nous l'peupl', je somm's ben content
Que le roi soit dans notr'ville,
J'suis pas plus rich' pour autant,
J'ai qu'deux liards dans ma sébile ;
Mais j'pouvons dir' qu'avec lui,
Je possédons toujours un louis. (bis)

Maint'nant qu'il est à Paris
Et qu'il boira l'eau d'la Seine (1)
Le roi, tout ragaillardi,
F'ra l'amour à notr'souv'raine,
Pour lui mettr', comme' dit l'curé
Un enfant d'choeur dans l'bénitier. (bis)

(1) L'eau de la Seine avait la réputation d'être aphrodisiaque.

Sans titre (chanson anticléricale) -
(air : "O filii et filiae").

Notre saint Père est un dindon,
Le calotin est un fripon,
Notre archevêque un scélérat.
Alléluia.

Ces malheureux ont arrêté
Les bienfaits de sa majesté ;
Tôt ou tard il en périra.
Alléluia.

A quoi sert la confession,
Ainsi que l'absolution ?
Le seigneur nous la donnera.
Alléluia.


Pie VI (1717 - 1799).

Le clergé s'est bien entêté,
Le pain a toujours augmenté,
Mais Necker le diminuera.
Alléluia.

Ils ont caché tous leurs trésors,
Empilés dans des coffres-forts.
Mais bientôt on les trouvera.
Alléluia.

Grand Dieu ! Mettez fin à nos maux,
Délivrez-nous de ces corbeaux ;
Nous chanterons des libera.
Alléluia.

Le sans-souci patriote -
(air : "Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi").

Qu'à son gré, chacun ballotte
Le haut et le bas clergé,
Qu'en dépit du préjugé,
On lui pousse mainte botte.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je ne porte point calotte.
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Qu'un Frocard à grosse panse
Craigne que la nation
Ne retranche, avec raison,
Quelque plat de sa pitance.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je respecte l'abstinence.
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Que le Procureur s'irrite
Du nouveau code français
Qui raccourcit les procès
Et rétrécit sa marmite.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je ne suis point parasite,
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Qu'un commis de la finance,
Anobli d'hier matin,
Vienne avec son parchemin
Exposer sa doléance.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je ne prends pas sa défense.
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Qu'un gentilhomme méprise
L'honnête et simple marchand
Dont il demande souvent,
A crédit, sa marchandise.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Il faut bien qu'il s'humanise.
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Qu'un écrivain famélique
Réchauffe pour un écu
Du despotisme vaincu
La cendre aristocratique.

Refrain (bis)
Eh ! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je ne suis pas de la clique.
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?

Que la Ligne épiscopale,
De concert avec les Grands,
Fasse siffler les serpents
De la discorde infernale.

Refrain (bis)
Eh! qu'est-c'qu'ça m'fait à moi ?
Je persifle la cabale,
Eh! qu'est-ce que ça m'fait à moi,
Quand je chante et quand je bois ?