Néo-classicisme

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Le rococo fut à la mode pendant toute la période où la marquise de Pompadour régna sur Versailles, mais, un ou deux ans avant sa mort, en 1764, un nouveau style commença à poindre, style qu’elle encouragea.

Cette mode nouvelle, le néo-classicisme, est souvent appelée le style Louis XVI, bien qu’il ait commencé plus de dix ans avant l’accession au trône de ce roi. Son origine remonte à la découverte de Pompéi et d’Herculanum.

C’est en France, vers 1760, que l’on trouve les premiers signes d’un renouveau classique. Ils coïncidèrent avec le retour du frère de Mme de Pompadour, qui était allé étudier l’art à Rome, et avec sa nomination au poste d’intendant des Bâtiments, où il succédait à son père putatif, M. Le Normant de Tournhem (mort en 1751). Les années qui suivirent marquèrent une période de transition, durant laquelle les éléments renouvelés du classicisme apparaissent sur des objets qui appartiennent encore au style rococo. Toutefois, ces éléments sont moins directement liés au classicisme de la Renaissance qu’auparavant, et ils sont plus directement empruntés à l’art grec et à l’art romain. Les motifs grecs traditionnels, tels que les frettes, postes, oves, et dards ornent de plus en plus souvent les meubles.

Au début, le mobilier conserve ses courbes, mais les lignes deviennent plus sévères. Les pieds galbés disparaissent pour faire place aux pieds en colonnettes amincis à la base, parfois cannelés ; et vers 1775, la transformation est complète : les courbes ont disparu et ne réapparaîtront qu’au XIXe siècle. Avec ce retour à la symétrie, aux lignes plus austères, à l’effacement des courbes, l’ornementation se fait plus discrète que pendant la période rococo. Les volutes aériennes s’en étaient allées avec les galanteries de Watteau et les déesses aux joues vermeilles de Boucher. A leur place, nous avons la sentimentalité bourgeoise de Greuze et de Mme Vigée-Lebrun.

Au début, le décor intérieur change peu. Après le départ de Falconet, en 1766, la porcelaine de Sèvres adopte le nouveau style, et c’est le commencement de son déclin. Sur les vases et les jardinières, aux scènes pastorales et aux paysages de Boucher, succèdent les thèmes classiques et les portraits médaillons en grisaille. Agrémentés d’ornements tels que guirlandes, feuilles d’acanthe et de laurier disposées de façon symétrique, ces ornements étaient d’ordinaire en bronze doré. Les vases, de forme plus dépouillée, aux anses plus angulaires, rappellent plutôt ceux des orfèvres et bronziers de la Renaissance que ceux des anciens potiers. La manufacture de Sèvres, elle-même, eut quelques difficultés à reproduire les modèles de la Grèce antique et, seule, celle de Wedgwood y parvint.

Dans la tapisserie, l’influence de Boucher est manifeste jusqu’en 1770, et même au-delà, car tisser de grands panneaux n’est pas l’œuvre d’un jour. Les sujets allégoriques et mythologiques prirent de plus en plus de place, et cela avant même la Révolution ; simultanément, les thèmes romains remplaçaient de plus en plus les thèmes grecs. On reproduisait avec une grande exactitude les tableaux à une échelle réduite, ce qui était contraire aux traditions des tapisseries de qualité. Les garnitures de sièges en tapisserie, très à la mode sous Louis XVI, permettaient de maintenir les manufactures en activité quand la demande en tapisseries de tenture diminuait. Un facteur contribua au déclin de la tapisserie de tenture : la vogue croissante des papiers peints. Ils étaient produits par la Manufacture d’Etat et, en 1785, Christophe-Philippe Oberkampf inventa la première machine à imprimer le papier, tandis que Louis Robert inventait celle qui permettait d’obtenir des rouleaux sans fin.